« Lâcher prise » : une invitation, voire une injonction, qui revient souvent.
La question que je me pose est « lâcher prise » de quoi ?
- De notre responsabilité ? Tant dans le sens de « je suis responsable de mes actes » que dans le sens de « j’ai la capacité à répondre à ce qui se passe (respons-abilité) »
J’ai l’impression que nous lâchons tout le temps prise de notre responsabilité, en la confiant à d’autres. Les autres décident pour nous, pas toujours en conscience de nos besoins : individus ou organisations, algorithmes, procédures,… - De notre illusion de contrôle ?
Cela me semble fondamental et vital pour naviguer dans la complexité de la vie. Cette acceptation de la complexité – où tout est interconnecté et l’incertitude est grande – est une condition pour s’adapter aux contextes changeants, cultiver de la sérénité et, osons, de l’épanouissement. Cela induit nécessairement la réalisation que le contrôle total de nos vies et de notre monde est une illusion.
L’assimilation de ces deux types de lâcher prise me semble courante : je lâche prise = je lâche (l’illusion de) le contrôle ET je lâche ma respons-abilité avec.
Au final, il en résulte un désengagement, voire une forme de résignation et de renoncement à participer à ce monde « de fous ».
Mais je crois que lâcher le contrôle n’est pas forcé d’aller de pair avec lâcher ma respons-abilité.
Si je lâche le contrôle et ma responsabilité avec, alors je donne mon pouvoir (ma capacité d’agir) à quelque chose d’extérieur à moi. Je ne suis plus la conductrice de ma propre vie, j’ai cédé le volant et je suis sur un siège à côté. Je suis témoin du voyage, au mieux copilote ; et encore, seulement si le pilote veut bien m’entendre et me prendre en compte.
Lâcher le contrôle tout en gardant ma respons-abilité, signifie que je reste conductrice et que je peux adapter ma trajectoire au fil du voyage et de ses aléas, décider de la direction, ajuster les routes que j’emprunte, avec qui je voyage, quand je fais une pause, etc. et me perdre de temps en temps aussi.
Je nous souhaite de lâcher notre illusion de contrôle dans ce monde complexe, mais de ne jamais lâcher notre propre pouvoir et notre respons-abilité. Soutenons-nous à cela, aidons-nous les un.e.s les autres.
Je suis convaincue que ça n’est que quand chaque musicienne et chaque musicien joue sa note que la symphonie peut être belle, harmonieuse, et puissamment créatrice.