En tous les aspects de notre vie se manifeste le principe du Rythme, un des principes fondamentaux du Vivant (les saisons, le battement de notre cœur, les cycles de reproduction,… (1))
Notre rythme à tous fluctue en continu dans tous les domaines (1er niveau de complexité) :
- Au niveau individuel : notre rythme physique, celui de nos activités, de nos émotions, de nos pensées, de nos désirs,…
- Au niveau de nos organisations (2) : le rythme de développement de l’activité (accélération-ralentissement), des parcours des collaborateurs, d’évolution de l’écosystème auquel l’organisation appartient et des marchés qu’elle adresse,…
Si nous représentons le rythme comme un mouvement oscillatoire, il se caractérise par deux notions : l’amplitude et la fréquence des oscillations. En plus donc d’être de natures très diverses (cf. paragraphe précédent), nos rythmes nous font vivre des états plus ou moins éloignés l’un de l’autre, et on passe de l’un à l’autre plus ou moins rapidement. (2e niveau de complexité)
En plus d’avoir des amplitudes et fréquences variables, les différents rythmes se superposent (3e niveau). Il est impossible d’isoler un rythme pour ne vivre que celui-ci, pour la simple raison que nous et nos organisations sommes des systèmes vivants aux multiples facettes, facettes qui coexistent et co-évoluent pour former notre identité et nos expériences.
En résumé, nous sommes donc en permanence en train de naviguer le système complexe de nos rythmes :
- Leurs différentes natures (1er niveau de complexité)
- L’amplitude et la fréquence variable de leurs oscillations (2e niveau)
- Leur superposition (3e niveau – on s’arrête là pour l’instant)
Ceci est vrai au niveau individuel comme au niveau collectif (3), le collectif étant agrégateur des rythmes individuels et ayant en plus des rythmes propres, émergents.
Allons un peu plus loin
En plus d’être complexes à naviguer à tout instant, nos rythmes sont aussi imprévisibles et gorgés d’incertitude : les meilleurs efforts « d’anticipation » ne permettent pas de prévoir avec fiabilité leur évolution dans le temps. Tout simplement car nos rythmes sont intrinsèquement liés aux événements que nous vivons, eux-mêmes intrinsèquement liés à la complexité des systèmes qui les génèrent, or l’une des caractéristiques fondamentales de la complexité est l’émergence : les comportements d’un système sont différents de la somme des comportements des éléments qui le composent.
Emergence signifie imprévisibilité.
A un instant t, je suis et vous êtes la/les protagonistes d’une multitude de systèmes complexes, qui chacun portent en eux cette propriété d’émergence et donc d’imprévisibilité.
Le Vivant est imprévisible.
En résumé
Les rythmes dont nous faisons en permanence l’expérience forment un système complexe et incertain.
Cette complexité et incertitude sont à leur paroxysme lorsqu’il y a une perturbation voire une rupture brutale de rythme. Je vous propose de nous intéresser à ce cas plus particulièrement.
Les perturbations et ruptures de rythme sont souvent difficiles à naviguer. Pourquoi ?
Les moments de rupture peuvent être de multiples ordres et ampleurs. Je vous donne une poignée d’exemples concrets et éclectiques entendus ou vécus personnellement récemment, liés au Covid ou aux congés d’été (pour ceux qui en ont pris) :
- Rupture de rythme d’activité : vivre une cessation ou réduction brutale de l’activité (du fait de l’épidémie par exemple), reprendre du travail après des vacances,…
- Rupture de rythme social : ne plus voir ses amis et proches en confinement, se retrouver seul après avoir passé des congés en groupe et en interaction permanente,…
- Rupture de rythme spatial : passer d’une mobilité libre à être fixe à un seul endroit en confinement, déménager, rentrer chez soi après un long voyage,…
- Rupture de rythme affectif : se fâcher avec un proche, se séparer de son.sa conjoint.e,…
- Etc…
Dans ces moments charnières, notre mode de fonctionnement physique, émotionnel et mental, est ébranlé car ce que nous vivons au moment présent est brutalement différent de ce que nous vivions un moment plus tôt. Plus le caillou que l’on jette dans l’eau est gros, plus il va générer de remous et plus l’onde de propagation sera longue.
Cet ébranlement nécessite que nous ajustions notre mode de fonctionnement, que nous l’adaptions au nouveau contexte. Cela demande de l’énergie et donc un effort, ce qui est souvent vécu comme une difficulté (pendant la phase d’adaptation du moins).
Comment naviguer au mieux nos perturbations et ruptures de rythmes ?
Dans une perturbation ou rupture de rythme, nos repères sont remis en question, en particulier notre rapport au temps et à l’espace. Ne pouvant plus s’y référer comme à notre habitude, sur quoi peut-on compter ?
Notre centre.
Je suis convaincue qu’une perturbation nous invite à changer de repères : convertir le mouvement horizontal (souvent « en avant » et de préférence « le plus vite possible ») en mouvement vertical (vers notre centre) pour pouvoir se tenir debout. Un enfant ne peut pas marcher bien loin s’il ne se tient pas d’abord debout.
Qu’est-ce que notre centre ?
Sur le plan physique, on parlerait de centre de gravité (comme celui d’un culbuto). Au sens large, englobant les plans émotionnel et mental, notre centre serait donc une sorte de « centre de gravité » de notre être tout entier (ou de l’organisation) : le lieu de notre ‘culbuto’ physique, émotionnel et mental, et aussi le point source de notre énergie. (4)
En ce lieu se situent les ressources – propres à nous-mêmes (ou à l’organisation) – dont nous avons besoin pour naviguer les rythmes que nous vivons et en particulier les perturbations et ruptures significatives.
Comment revenir au centre et activer nos ressources pour naviguer la perturbation ou la rupture de rythme ?
Lorsqu’on se perd, on a tendance à s’agiter, à perdre notre sang froid. Souvenons-nous lorsque nous étions enfants et qu’on ne trouvait plus nos parents… Pour retrouver notre chemin, on a d’abord besoin de se rassurer, de tranquilliser notre état émotionnel.
Puis, on a généralement le réflexe de demander son chemin (que ça soit aux passants ou à Google…). Dit autrement, lorsqu’on se perd, on pose des questions.
Je vous propose donc naturellement une démarche en deux temps :
- Un temps pour retrouver de la sérénité émotionnelle
- Un temps de questionnement pour se recentrer sur l’essentiel et se mettre en mouvement
Elle est holistique et applicable à toutes les perturbations de Rythme que vous pouvez rencontrer, et peut aussi se décliner en des exercices plus spécifiques selon votre situation précise. N’hésitez pas à m’envoyer un message si vous aimeriez en recevoir quelques-uns.
Exercice 1
Le 1er temps est un court moment de centrage par la méditation (5). Si vous en connaissez je vous invite à prendre celui qui vous parle ou qui fonctionne bien pour vous. Sinon, explorez, et n’hésitez pas à m’envoyer un message si vous souhaitez que je vous partage celui que je pratique quotidiennement, inspiré de la pleine conscience et de l’alchimie.
Exercice 2
Le 2nd temps est un exercice de questionnement, d’auto-accompagnement !
1. Prendre conscience de la perturbation ou la rupture de Rythme qui vous pose difficulté et son impact sur vous :
- Nommer la perturbation : Quel était l’état A (avant perturbation) et quel est l’état B (après perturbation) ?
- Reconnaître, accepter et nommer l’impact sur vous : Quelle est l’émotion prédominante que je ressens suite à cette perturbation ? (4 grandes familles de sentiments : Joie / Tristesse / Peur / Colère (6))
2. Apprivoiser la rupture de Rythme et comprendre ce qu’elle vous apporte comme informations et comme pépites :
- L’état A et l’état B jouent le rôle de deux pôles opposés. vous pouvez vous poser cette question simple : A quoi est-ce que chaque pôle me sert aujourd’hui ?
- Psst..Guettez mon prochain article, vous pourrez étoffer cette étape par l’exercice de conciliation des Polarités
3. Revenir à l’essentiel :
- J’aurais besoin de quoi à présent ? (7)
- Quelle est mon intention pour ce que je désire entreprendre ?
- Quels sont mes énergiseurs ? (ce qui me donne de l’énergie)
- Que dit ma petite voix ?
- Qu’est-ce qui est important pour moi aujourd’hui ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? … à Qu’est-ce qui est fondamental pour moi aujourd’hui ?
4. Activer ses ressources :
- Quelles forces puis-je activer pour avancer ? (valeurs, traits de personnalité, compétences, talents, comportements,…)
- Quel appui puis-je solliciter ? (personnes, outils,…)
5. Se mettre en mouvement :
- Quel est le plus petit pas possible pour répondre à mon besoin et naviguer sereinement cette perturbation ?
- Quand vais-je le faire ?
Quelques petits conseils pour cet exercice :
- Vos émotions sont légitimes et ont besoin d’être reconnues — ne zappez pas le 2nd point de l’étape 1 !
- Soyez curieux et candide
- Incarnez la posture d’observateur ; le juge est prié de prendre une pause-café !
- Soyez honnête et bienveillant avec vous-mêmes
- Commencez petit : explorez, expérimentez avec des perturbations ou ruptures de rythme qui paraissent accessibles ; la navigation dans la complexité est comme un muscle, on devient de plus en plus à l’aise au fil de l’entraînement délibéré
- Dans votre mise en mouvement, toujours penser au plus petit pas possible ! (« travailler différemment » est ô combien trop vaste, « prévoir au maximum 3 rdv par jour sur la prochaine semaine » est déjà plus actionnable)
Le Rythme et ses perturbations sont des éléments inhérents à notre vie. Nous ne pouvons pas les éviter, ni ne pouvons les ignorer. Nous pouvons en revanche apprendre à danser avec et devenir des maîtres jedis de notre énergie pour la mettre au service de l’avancement sur notre chemin.
La clé de tout cela se loge au cœur de nous-mêmes, dans notre centre.
Tout l’art et l’enjeu est de s’y reconnecter.
Notes
- « Tout s’écoule, au-dehors et au-dedans ; tout a ses marées ; tout évolue puis dégénère ; l’oscillation du pendule se manifeste dans tout ; la mesure de son amplitude à droite est identique à celle à gauche ; le rythme se compense. » Le Kybalion. Les philosophes anciens étaient de grands observateurs du Vivant et transmetteurs de ses principes fondamentaux et universels. Autres illustrations du principe du Rythme : tous les cycles du Vivant (astronomiques, saisonniers, reproduction, cellulaires,…), les rythmes physiologiques (respiration, digestion,…), l’apprentissage, les modes, les courants de pensées,…
- Organisation : un groupe social d’individus structuré et géré de manière à répondre à un besoin ou à poursuivre des objectifs collectifs. Les organisations sont des systèmes ouverts – elles affectent et sont affectées par leur environnement.
- Au niveau des organisations, le rôle de la stratégie est en grande partie celui de naviguer les rythmes – de l’organisation et de l’écosystème dont elle fait partie –, et les opportunités et risques associés. La notion de gestion de portefeuille d’activités est directement associée au principe du rythme.
- Je gratte à peine la surface de ce sujet dans cet article. C’est un sujet que j’explore en continu à travers mon cheminement personnel en particulier par le croisement de recherches dans des domaines différents. Parmi les nombreux auteurs qui m’inspirent, Christiane Singer, KG Durkheim, CG Jung, ML Von Franz (alchimie), Françoise Bonardel, Thierry Janssen, etc…etc…etc… 😉
- « Le mot méditation ne vient pas de meditare mais de meditari. C’est-à-dire qu’il y a quelque chose qui nous fait marcher vers le centre. [La méditation] ne commence que là où la concentration a fait son travail et où s’ouvre une autre conscience que celle qui permet la concentration. » – KG Durkheim, Le centre de l’Etre
- Vous pouvez vous référer aux listes de sentiments établies dans le domaine de la Communication Non Violente. J’en possède de très bien faites éditées par Les Architectures Invisibles (Vincent Houba). N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez que je vous les transmette. Lien vers le site de l’association européenne de CNV : http://nvc-europe.org
- Vous pouvez vous référez aux listes de besoins établies dans le domaine de la Communication Non Violente. cf. note précédente